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Le recif aux murlocs
15 novembre 2009

Episode vingt et un

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Priez pour nous, pauvres fous .. nous avons trois heures de physique demain.


Quand Arken ouvrit difficilement les yeux, il ne sentait que son sang qui battait à tout rompre dans sa tempe, et d'étranges lumières bleutées l'aveuglaient et défilaient devant ses yeux. Peu à peu, il reprit conscience de son corps. Il avait les membres engourdis, était allongé, les mains liées derrière le dos. Le cyborg compris qu'il était couché sur un chariot légèrement vrombissant, et que les lueurs qui couraient au-dessus n'étaient que les néons d'un grand couloir silencieux. Arken leva légèrement la tête.
C'était très surprenant ; le chariot avait bien une petite plateforme à son arrière, mais il n'y avait personne. Ni garde, ni caméra, ni autre quelconque surveillance. Le vérusien commença à scruter les murs, totalement vierges, quand il sursauta, manquant de tomber de la plateforme. Krug était là, inanimé à côté de lui. Il tentait en vain de le réveiller, quand il aperçu une grande grille d'aération qui s'approchait à toute vitesse à l'encontre de leur "véhicule". Il serra les dents à l'idée d'abandonner son ami, mais se résigna vite à ce qui était peut-être la seule chance de les sauver tous les deux. Il se jeta sur dans le vide, et atterrit lourdement sur le sol lisse, bien plus bas qu'il ne le pensait. Il fixa quelques secondes le chariot s'en aller silencieusement, et se redressa tant bien que mal, les poings toujours attachés.
- Par les trois grands, se dit-il, si Leoni me voyait, il serait mort de rire !

Il tapait le plus discrètement possible la grille avec ses pieds, manquant de tomber à plusieurs reprises. Finalement, les vis cédèrent et la grille tomba sur le sol avec un fracas sans pareil qui résonna tout le long du couloir, toujours vide. Arken rentra dans l'étroit passage en refermant comme il le pouvait le soupirail.

Il n'était déjà pas évident de circuler dans un conduit plus petit que soi en s'aidant de ses mains, mais là, il peinait vraiment à avancer, les jambes à moitié pliées, tombant déjà maladroitement à une ou deux reprises sur les genoux. Il descendait, tournait, avait parfois plusieurs directions possibles qu'il choisissait avec le plus grand hasard puisqu'il n'avait pas la moindre idée de l'endroit où il était. Même le roulement incessant de la tempête semblait avoir disparu, et, seul dans les conduits, le vérusien se demandait si il était encore sur Vénus.
Il traversait maintenant des passages où il entendait des conversations étouffées et des bruits divers. Il était toujours sur la colérique planète de sable: il épia une banale conversation entre deux cyborgs, visiblement géologues, qui discutaient de la tempête. Il n'avait par contre pas le moindre indice sur leur faction. Enfin, il n'y avait pas beaucoup de choix ici.
Il continua rapidement, agacé par l'absence d'autres grilles d'aération et la difficulté à se déplacer. Arken arriva à une branche de conduit particulièrement délabrée et abimée. Les plaques s'ébranlaient sous ses pas. Il marchait prudemment, mais soudain perdit l'équilibre et tomba de tout son poids sur le sol cabossé du conduit. Il résonna un nouveau et grand fracas métallique, et toute l'aération trembla en grinçant. Étendu sur le côté, Arken retint son souffle. Le morceau en métal sur lequel il avait atterri s'était déboitée et laissait entrevoir la pièce au-dessus de laquelle il se trouvait. La plaque pendait dans le vide en couinant.
Le vérusien ne put s'empêcher d'y jeter un œil, et glissa lentement vers l'ouverture. Les joints gémirent lentement sous le poids du cyborg, et alors que celui-ci commençait à inspecter la salle, elle se brisa d'un seul coup. Arken tomba dans le vide avec le morceau de conduit, et atterrit violemment dans un tas de ferraille, avec, heureusement, la plaque en question qui l'avait protégé en-dessous. Il eu le souffle coupé pendant une dizaine de secondes, et se releva au bout d'une minute.
Il se trouvait dans un débarras assez confiné et visiblement oublié. Il était rempli de vieux outils et d'équipements de rechanges, maintenant, pour la plupart, inutilisables. Personne n'était venu ici depuis un bon moment. Le cyborg aperçut une vielle scie sur une des machineries, et il coupa ses liens avec joie.
Le conduit était trop haut pour y grimper, et Arken n'aurait pour rien voulu y retourner maintenant. Il pris une grande inspiration. Par il ne sait quel hasard ou manque de précaution, il avait toujours ses armes, mais si c'était bien les krinils qui l'avaient amené ici avec Krug, il était trop risqué de se faire remarquer. Il pensa à son coéquipier, et à la mission dans la base réante russe. Sans trop réfléchir ni se poser de questions, il sortit et se retrouva dans un couloir tout aussi grand et désert que l'autre. Il pris une direction au hasard et après quelques bifurcations, aborda un couloir beaucoup plus occupé. Des dizaines de ports donnaient sur des bureaux ou des centres plus complexes. Il y avait beaucoup de passage ; des cyborgs transportaient des caisses, des liasses de papiers, discutaient, couraient pour certains. Le vérusien pris un air aussi naturel que possible, et adopta la même attitude.
La plupart des cyborgs ne le remarquèrent pas, d'autres tournaient la tête quelques secondes puis revenaient à leurs tâches. Maintenant mêlé à la fourmilière, Arken réfléchit. Il fallait d'abord retrouver Krug, puis le dispositif. Il s'arrêta net quand il aperçut un petit chariot au contenu enfermé dans des caisses. Les deux cyborgs qui le déplaçaient peinaient, mais le guerrier n'avait que faire de leurs efforts ; ce n'était pas ce qui l'intéressait.
- Peste, grogna un des deux ouvriers, ces caisses sont énormes, je me demande de quoi ont besoin les gars des cellules.
- Je crois qu'ils ont eu deux éclaireurs dans Sorme, piégés par la tempête et les bêtes des sables.
- Ces idiots doivent être ceux qui ont abattus nos transporteurs du cratère 23. Quelles enflures !
Arken ne perdit pas une seule seconde pour sauter sur l'occasion.

- Hey, vous voulez de l'aide ?! lança Arken aux cyborgs avec de grands yeux pleins d'espoirs.
Les deux ouvriers s'arrêtèrent devant lui, et le fixèrent en silence. Finalement, l'un deux acquiesça.
- Soit tu es idiot, soit tu t'ennuies vraiment. De toute façon, a trois on ira plus vite.
- Dépêches-toi, ajouta le deuxième.
Ils poussèrent le chariot pendant quelques minutes, quand, comme redoutait le vérusien, l'un deux s'intéressa à lui.
- Je ne crois pas t'avoir déjà vu ici, tu viens d'où ?
Arken ne voulait rien répondre, mais le deuxième cyborg tourna lui aussi la tête, curieux.
- Ça fait un moment que je suis ici, dit le guerrier, mais on a tellement de boulot, je cours un peu partout.
- Et, tu étais où avant ?
Ce fut la première fois qu'Arken réfléchissait aussi vite pour trouver le nom d'une base krinile, encore fallait-il que ces deux là soient krinils.
- Station orbitale sur une lune de Jupiter.
- Et, plus précisément ?
Il n'arrivait pas à y croire.
- Callisto.
Il y eu un silence tandis que les trois poussaient la lourde cargaison. Arken ne savaient pas si ils étaient en train de penser à autre chose où à se demander pourquoi un inconnu leur donnait le nom d'un satellite inoccupé. Le tireur n'était même pas sûr de ne pas avoir confondu avec une base réante.
- On est quand même bien implantés sur Callisto. En plus, les gars qui sont là-bas sont des monstres. Tu dois t'y connaître hein ?
Le vérusien soupira discrètement. Il se trouvait bien dans la base krinile de Kupron.
Ils continuèrent encore un peu, et finalement arrivèrent à une porte lourdement fermée par une épaisse porte. Un des deux krinils appuya sur un simple bouton sur le mur, mais Arken devinait qu'il était impossible de l'ouvrir de l'intérieur sans un code ou une identification. La salle était assez grande, avec un simple bureau dans le fond, couvert de feuilles et d'objets en tout genre. Des caisses trainaient le long des murs. Il devaient y avoir huit ou neuf cellules fermées par des champs électriques et des barreaux. Les trois déchargèrent la caisse et la posèrent devant le bureau. Derrière celui-ci apparut un cyborg. Il était assez petit et sombre, avec un regard pernicieux.
- Qu'est-ce que c'est ? dit-il, irrité.
- On nous a demandé de vous l'apporter, geôlier Vazur. C'est lourd, vous avez sûrement dû le demander.
Le gardien se leva pour mieux voir ce qu'ils apportaient. Il leva la tête et soupira d'un air dédaigneux.
- Tout ce que j'attends, c'est un prisonnier et de quoi m'occuper de l'autre. Rangez ça derrière, je m'en occuperais plus tard.
Tandis que les deux krinils poussaient la caisse sur le côté, Arken fixait une des cellules. Krug était dedans, toujours inanimé. Le geôlier venait de dire qu'il attendait un autre prisonnier, peut-être Bao ? Si seulement cet idiot n'avait pas déplacé le vaisseau, ils n'en seraient sûrement pas là. Le vérusien fut brutalement ramené à la réalité par une claque derrière la tête.
- Allez, s'exclama Vazur, si ce prisonnier t'intéresse tant, tu peux le rejoindre, mais si tu savais ce que je vais lui faire, tu n'envierais pas son sort !
Arken lui jeta un regard meurtrier, quand des jurons étouffés se firent entendre de l'autre côté de la porte. Celle-ci s'ouvrit, quand Arken n'en cru pas ses yeux. Floznerajiid difficilement contenu par quatre ou cinq gardes, insultait ses ravisseurs de tous les noms possibles. Le geôlier et les deux ouvriers vinrent aider les soldats. Flo était tellement furieux qu'il ne remarqua pas Arken pendant une minute, mais il le reconnu aussitôt, et ne débattait pratiquement plus.
- Arken !
Il y eu un grand silence, tout le monde s'immobilisa. Les krinils regardaient tour à tour Flo et Arken, tandis que les deux vérusiens n'arrivaient pas à croire la boulette que le pilote venait de faire. Le geôlier fixa Arken avec mépris.
- Qui est Arken ? Vous vous connaissez ?!
Le guerrier pris soudain un air furieux envers son ami.
- Charogne, je t'avais dit que je te retrouverais !
Flo n'hésita pas une seule seconde et répliqua avec férocité.
- Cette fois c'est toi qui va goûter à mes poings espèce de voleur !
Les cinq gardes ne laissèrent pas une seconde de plus le pilote parler et le jetèrent littéralement dans une des cellules, qu'ils scellèrent immédiatement.
- Hum, toussa Vazur en reprenant son souffle, je ne sais pas ce qu'il y a eu entre ces deux là, mais il va falloir vous expliquer !
- Vous avez besoin d'aide, demanda l'un des gardes.
- Non, ça ira, il est krinil, il ne peut pas être idiot et s'en prendre à moi. Vous pouvez disposer.
Les gardes saluèrent et sortirent. Les deux ouvriers en firent de même en emportant le chariot. Le geôlier, maintenant seul avec Arken, s'avança vers la porte pour la verrouiller.
- C'est bizarre, dit-il, j'aurais juré connaître ton nom avant que celui là ne le dise. J'ai du lire "Arken" dans un des rapports de ..
Une légère détonation retentit, étouffée par un tube de métal, et Vazur s'effondra. Une grande éclaboussure de sang décorait à présent la porte de la prison. Arken vérifiait à son tour que la porte était bien fermée.
- Arken, je suis désolé, j'étais tellement énervé ..
- Ce n'est pas grave, on s'en sort bien, mais maintenant, on a un krinil à terre. Le temps est compté.
Il désactiva les champs des cellules en brisant le panneau énergétique, et accourra dans la cellule de Krug. Flo le rejoignit sans tarder.
- Les effets du gaz devraient s'être dissipés maintenant. Krug, allez, réveille-toi !
Au bout de maintes secousses, l'ingénieur gémit et bougea enfin. Tout comme Arken, il fut un moment aveuglé et ne comprenait pas ce qui se passait. Finalement il se redressa et aperçut le cadavre du geôlier.
- Damned, ça va être plus compliqué avec les krinils.

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